Billet d'avion et pot de peiture ...

A propos du prix de votre billet…
Extrait du livre "Travel Comedy - le Bêtisier du Voyageur" par Miguel Cotton, Editions Grands Voyageurs, 2006, 7 €

Comme l’ont déjà remarqué –souvent à leurs dépens- les habitués du voyage en avion, la tarification aérienne est une des sciences les plus exactes… mais les moins logiques qui puisse exister ! Quiconque ne possède pas les clés de cette énigme ne sera sans doute jamais en mesure de comprendre pourquoi il a payé deux fois plus cher le même service que son voisin de gauche dans l’avion, ni pourquoi son voisin de droite a payé plus cher que lui encore pour se retrouver là où il est…
Imaginons une telle logique appliquée à une autre branche du commerce :


Acheter de la peinture dans un magasin de peinture

Le client: Bonjour, combien coûte votre peinture ?
Le vendeur: La qualité standard coûte 10 Euros le pot, la qualité supérieure 30 Euros le pot. Combien de pots désirez-vous ?
Le client: Je vais en prendre cinq de la qualité standard.
Le vendeur: Parfait, cela fera 50 Euros. Au revoir, Monsieur…


Acheter de la peinture dans le bureau d’une compagnie aérienne

Le client (innocent): Bonjour, combien coûte votre peinture ?
Le vendeur (affable): Oh, ça dépend…
Le client (étonné): Ah bon, cela dépend de quoi ?
Le vendeur (doctoral): En fait, de beaucoup de choses.
Le client (pratique): Vous pouvez me donner le prix moyen ?
Le vendeur (récalcitrant): C’est une question épineuse. Le prix le plus bas est de 10 Euros le pot, mais nous avons 150 prix différents allant jusqu’à 120 Euros le pot.
Le client (incrédule): Quelle est la différence de qualité ?
Le vendeur (triomphant): Absolument AUCUNE Monsieur, c’est rigoureusement la même peinture !
Le client (soulagé): Alors, je voudrais de la peinture à 10 Euros le pot.
Le vendeur (inquisiteur): Oh là, pas si vite ! Il faut d’abord que je vous pose quelques questions. En premier lieu, quand comptez-vous utiliser votre peinture ?
Le client (interloqué): Ben, demain je pense, j’ai un jour de congé.
Le vendeur (glacial): Désolé, dans ce cas la peinture vous coûtera 85 Euros le pot.
Le client (refroidi): Ah bon ? Et quand devrais-je donc peindre pour pouvoir acheter un pot à 10 Euros ?
Le vendeur (sadique): Pas avant trois semaines, et vous devrez commencer à peindre le vendredi soir et continuer jusqu’au dimanche !
Le client (atterré): Vous vous fichez de moi ?
Le vendeur (impassible): Pas le moins du monde, Monsieur. De plus, il faut que je regarde si nous en avons encore en stock.
Le client (estomaqué): Comment ça, si vous en avez encore en stock ! Vos rayons en sont pleins, je le vois d’ici.
Le vendeur (agacé): Le fait que vous puissiez VOIR les pots ne signifie nullement que nous en avons, Monsieur. Même s’il s’agit strictement de la même peinture, nous ne vendons qu’un nombre très limité de pots au prix le plus bas, et encore, pendant un seul week-end. En plus, le prix minimum vient à présent de passer à 25 Euros.
Le client (éberlué): Vous voulez dire que le prix vient d’augmenter pendant que nous discutions ?
Le vendeur (excité): Bien sûr, Monsieur. Voyez-vous, nous changeons nos tarifs et nos conditions des dizaines de fois par jour. Or, comme vous n’avez pas encore quitté le magasin avec vos pots de peinture, nous venons de décider d’augmenter nos prix ! Aussi, je vous conseille amicalement de vous décider très vite si vous ne voulez pas que le tarif augmente encore. Combien de pots désirez-vous ?
Le client (abasourdi): Je ne sais pas exactement. Cinq ou six peut-être, pour être sûr d’en avoir assez.
Le vendeur (suave): Faites attention : si vous achetez de la peinture et que vous n’employez pas tous les pots, vous risquez une amende et nous nous réservons le droit de confisquer tous les pots restants.
Le client (assommé): Hein ?
Le vendeur (triomphant) : Nous pouvons vous vendre de la peinture pour votre cuisine, votre salle de bain, votre hall et vos deux chambres à coucher, mais si vous arrêtez de peindre avant la dernière pièce, vous enfreignez les règles.
Le client (effaré): Mais qu’est-ce que cela peut bien vous faire si j’utilise ou non toute la peinture ou non, puisque je vous l’aurai payée ?
Le vendeur (menaçant) : Inutile de vous énerver : ce sont les règles, un point c’est tout. Vous devez comprendre que nous préparons notre planning en partant du postulat que vous allez utiliser TOUTE la peinture que nous vous avons vendue. Si vous ne le faites pas, vous nous créez de sérieux problèmes.
Le client (effondré): Je dois donc en déduire qu’il arrivera quelque chose d’effroyable si j’arrête de peindre avant dimanche matin ?
Le vendeur (stoïque): Absolument !
Le client (furieux): C’en est trop ! Je m’en vais acheter ma peinture ailleurs…
Le vendeur (dédaigneux): Ne vous gênez pas, mais cela ne vous avancera pas beaucoup. Nous appliquons tous les mêmes règles. Alors, si vous voulez mon avis, vous pouvez tout aussi bien acheter votre peinture ici. Le prix est maintenant passé à 35 Euros.